Agriculture : Une bonne santé en trompe-l’œil

Au début de l’année, en Savoie et en Haute-Savoie, le mouvement de colère des agriculteurs s’est traduit par des actions symboliques, sans blocages significatifs. Si les produits labellisés – vins et fromages pour l’essentiel – portent l’activité agricole, la profession n’échappe pas à la tendance nationale. Les paysans savoyards subissent les lourdeurs administratives, la pression foncière, et perdent des effectifs chaque année.

Durant les vacances de février, les touristes en vacances à Avoriaz, La Clusaz, Le Grand-Bornand et Saint-Jean-d’Aulps ont vu fleurir des stands de produits agricoles au pied des pistes. Ces « Opérations sourires » imaginées par les Jeunes agriculteurs (JA) de Haute-Savoie et par la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles (Fdsea) ont permis d’échanger sur la réalité du métier dans le cadre de dégustations ou de ventes promotionnelles. « Plus que jamais, il est important de consommer des produits locaux faits par nos agriculteurs et vendus en direct », ont rappelé les organisateurs.
Au pays de l’or blanc, la situation des paysans serait-elle moins difficile qu’ailleurs ?
Le prix du lait, plus élevé quand il est transformé en reblochon, abondance, beaufort et autres fromages bénéficiant d’une appellation ne saurait résumer la situation.
Les revendications nationales ont trouvé un écho dans les vallées, sur le poids des normes, sur le bras de fer permanent avec les acheteurs des grandes enseignes, sur les lourdeurs administratives, sur les défis de la transition écologique, etc.

Des caractéristiques pesantes

Alors qu’une forme d’agribashing progresse dans les plaines de Savoie et de Haute-Savoie, pour dénoncer l’emprise de la production laitière et la « gêne » occasionnée dans le quotidien des néoruraux, les agriculteurs ont donné de la voix pour évoquer les spécificités de l’agriculture de montagne et ses difficultés.
Travailler en alpage l’été et dans la vallée l’hiver oblige à des investissements supplémentaires. Et que dire de la pression foncière dans ces départements particulièrement dynamiques ? La bonne santé des filières laitière et viticole masque à peine une forêt de maraîchers ayant du mal à trouver le bon équilibre. « Quand le RSA (Revenu de solidarité active) est considéré comme une subvention à l’installation, c’est que quelque chose ne fonctionne pas », estime un acteur de la filière.
La pression mise sur le gouvernement en début d’année a été suivie par quelques annonces, sur la question du loup notamment. Au mois de septembre 2023, Émilie Bonnivard et 35 autres députés avaient envoyé un courrier au Premier ministre d’alors, Élisabeth Borne, pour faire « changer de paradigme sur la question du loup et passer d’un plan de gestion à un plan de régulation : la priorité est de permettre aux éleveurs de pouvoir systématiquement protéger leurs troupeaux ».
Début mars, Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture, annonçait la publication à venir d’un nouveau plan d’action « devant assurer la conservation de l’espèce lupine et permettre aussi aux activités d’élevage d’exister, car il contribue au lien social indispensable à la vie de nos territoires ».
Près de 1 200 loups se seraient installés dans les massifs français depuis le début des années 1990 (certains chiffres, discutés, font état de 600 individus).

La crise en 10 questions
https://www.vie-publique.fr/questions-reponses/292775-la-crise-agricole-en-10-questions