Ex-conseiller municipal jeune, Christophe Pierreton effectue son premier mandat de maire dans une commune où il est élu depuis plus de 20 ans. Également vice-président de Grand Chambéry chargé des mobilités, il s’attache à maîtriser l’urbanisation de sa commune.
©Grand Chambéry
Quel est votre parcours ?
J’ai 45 ans et suis très attaché à Barby où je suis arrivé à l’âge d’un an. J’ai fréquenté les écoles de la commune avant de passer une licence Staps (sciences et techniques des activités physiques et sportives) à l’Université de Savoie, sur le campus de Technolac. J’ai travaillé quelque temps dans le sport avant de rejoindre, il y a 14 ans, Horizon 73. Basé à Aix-les-Bains, ce groupe d’entraide mutuelle (GEM) accompagne des personnes en situation de fragilité psychique.
Dans quelles circonstances vous êtes-vous impliqué dans la vie municipale ?
J’ai siégé au conseil municipal jeune pendant un an, lorsque j’avais une dizaine d’années. J’ai été très engagé dans les associations sportives à différents niveaux et j’ai assuré la vice-présidence de l’association des jeunes. En 2001, le maire, Roland Tissot, m’a proposé de rejoindre son équipe. J’avais 22 ans et j’ai ainsi effectué mon premier mandat. J’ai enchaîné avec deux mandats de premier adjoint sous la mandature de Catherine Chappuis puis un mandat de maire, depuis 2020.
Comment la transition a-t-elle été gérée ?
En 2014, Catherine Chapuis a annoncé qu’elle effectuait son dernier mandat et m’a demandé de me préparer. J’ai pu prendre la dimension des sujets. Heureusement, car dès le début du mandat nous avons dû gérer la crise Covid-19, puis l’incendie de l’école maternelle alors que l’établissement était en travaux. La mobilisation d’une équipe robuste et bien rodée nous a aidés à passer le cap. Au début du mandat nous nous sommes beaucoup vus avec Catherine Chapuis, moins maintenant, même si elle reste conseillère départementale et très impliquée dans la vie communale.
Qu’est-ce que vous aimez dans le mandat de maire ?
La réalisation de projets de proximité qui participent au vivre ensemble et apportent des changements palpables dans la vie des gens ; agir sur son territoire et sur le quotidien. Je me suis toujours intéressé à ce qui se passe autour de moi, y compris lorsque je vais en vacances. J’ai envie et plaisir à améliorer les choses. Pour être maire, il faut aimer les gens, apprécier le contact, les échanges.
Ce que vous aimez moins ?
Sans parler de violence, je dirais la virulence. La fonction de maire est certainement moins respectée depuis quelques années. Les gens qui sont contre une décision se font entendre très fortement, même s’ils ne représentent pas une majorité. Ce ne sont pas les divergences, mais la façon de contester qui peut être perturbante. En ce moment, dans les collectivités, la gestion des ressources humaines est également problématique avec des problèmes de recrutement et un sous-effectif qui pèse dans le travail quotidien.
Comment fonctionne l’équipe municipale ?
L’équipe que j’ai constituée est la plus représentative possible des différents hameaux et des composantes de la population. Nous communiquons beaucoup en interne avec des comptes rendus des réunions de municipalité diffusés à toute l’équipe. L’idée est vraiment que les élus puissent donner leur avis. J’essaie par ailleurs de privilégier les moments conviviaux pour préserver la dynamique, même si le maintien de l’implication peut être difficile sur toute la durée du mandat.
Si vous deviez brosser le portrait de Barby, qu’en diriez-vous ?
C’est une petite commune (2,5 km²) dont la population dépasse maintenant la barre symbolique – à partir de ce seuil, les règles évoluent – des 3 500 habitants. Nous sommes en train de devenir une petite ville. Notre territoire est marqué par la présence, sur le coteau, du château de La Bathie et d’espaces boisés. Au centre sont rassemblés les logements avec une part de locatifs sociaux de plus de 30 %, les services et les écoles. L’aérodrome a pris place sur le bas du territoire communal qui accueille aussi le 13e bataillon de chasseurs alpins, le collège Jean-Mermoz et une chaufferie bois. Inauguré en 2020, ce réseau qui irrigue l’équivalent de 1 000 logements nous permet notamment de maîtriser l’augmentation du prix de l’énergie.
Quelle est l’évolution démographique ?
La population a été multipliée par dix durant les quatre mandats où Louis Besson a été maire. Depuis cinq ans, nous connaissons une deuxième vague de développement avec plus de 300 nouveaux logements livrés. Cette urbanisation que nous voulons à taille humaine a permis de densifier le centre-bourg avec des commerces et services de proximité.
Quelles sont les priorités de la mandature ?
Après plus de 30 ans d’amitié, nous avons signé en 2023 un jumelage avec la ville roumaine d’Ilva Mica. Nous avons aussi lancé un conseil citoyen pour que les habitants puissent participer aux décisions du conseil municipal. La première réunion publique a rassemblé une trentaine de personnes. En termes de travaux, l’incendie de l’école maternelle a un peu retardé les investissements, mais nous avons livré, en 2023, une nouvelle entrée de ville. Nous achèverons cette année la rénovation du presbytère et des salles associatives qu’il abrite, la rénovation de la crèche et le nouveau centre de loisirs. Au total, 2,2 millions d’euros ont été investis dans la crèche et le centre de loisirs qui sont des lieux importants pour les familles. En septembre, nous enchaînerons par une extension de la maison médicale construite il y a une quarantaine d’années. Nous avons la chance d’avoir cinq médecins au sein de ce bâtiment où nous aurons la possibilité d’en accueillir un supplémentaire en juin 2025. La rénovation permettra aussi de regrouper les médecins avec les infirmiers actuellement basés dans un autre bâtiment, à côté de la maison médicale. Nous arriverons ainsi tout doucement à la fin du mandat.
Quel sera le programme pour le prochain ?
Nous verrons bien qui sera élu mais le centre-bourg 2 constituera probablement le gros chantier. L’urbanisation de plus 6 hectares permettra la réalisation d’une nouvelle salle polyvalente autour du collège et la construction de 150 à 200 logements, ainsi que le déplacement du plateau sportif. Au-delà de tous les projets, il y a aussi la vie quotidienne avec les écoles, les associations, notre CCAS gestionnaire d’un Ehpad qui a fêté l’année dernière ses 50 ans. Nous étions à l’époque un peu précurseurs. L’Opac de la Savoie réalise actuellement des travaux de mise aux normes et d’extension (88 places à terme). Les 10 places supplémentaires créées sont utilisées pour loger les résidents pendant la rénovation de leur chambre.
Barby accueille depuis plus de 45 ans la résidence Les Épinettes qui propose 170 hébergements temporaires à des personnes en attente d’un logement de droit commun.
Quels sont les projets pour ce quartier ?
Cristal Habitat, qui est propriétaire va totalement rénover ces 3,5 hectares où la part de logement social tombera à 50 % contre 100 % actuellement. Outre l’introduction de mixité dans ce quartier très social, la reconstruction permettra d’installer des équipements et services comme une crèche ou des salles associatives.
Depuis octobre 2023, vous êtes vice-président de Grand Chambéry, chargé des mobilités. Quels sont les dossiers qui vous occupent ?
Nous avons le renouvellement de la délégation de service public pour le réseau de bus actuellement géré par Kéolis. La procédure de remise en concurrence que nous avons lancée devrait déboucher en septembre sur la désignation du délégataire. Notre cahier des charges comprend des axes d’amélioration du réseau (horaires, fréquences, desserte des zones d’activités) mais est resté relativement ouvert pour que les candidats puissent nous faire des propositions. Nous sommes en train d’acheter un terrain pour relocaliser un nouveau dépôt de bus, l’actuel se retrouvant au milieu de logements. L’opération nous permettra au passage d’accroître la capacité d’accueil. En parallèle, nous modernisons la flotte avec l’achat de 15 nouveaux bus au gaz naturel, puis 5 par an à compter de 2025. En lien avec l’agence éco-mobilité et la vélo-station, nous planchons sur le développement des pistes cyclables. Et tous les abris de bus vont être changés cette année conjointement avec la ville de Chambéry.
Comment voyez-vous l’avenir ?
Sur le bassin chambérien, nous avons la chance d’avoir une qualité de vie relativement exceptionnelle : services et équipements répondant à quasiment tous les besoins ; dynamique économique forte avec très peu de chômage ; nature, lac, stations à proximité… Les gens apprécient beaucoup de vivre ici. L’enjeu est d’arriver à se développer tout en préservant notre cadre de vie, ce qui implique notamment de travailler sur la question du logement et des mobilités.
Barby, dont l’altitude oscille entre 292
et 655 mètres est située au sud-est de l’agglomération chambérienne, à l’ouest et au pied du massif des Bauges. Son budget annuel s’élève à 2,1 millions d’euros en fonctionnement, entre 2,5 et 3 millions en investissements.