La Haute Maurienne va tester un nouveau réseau internet haut débit

Lauréate d’un appel à projet européen, la société savoyarde Numérisat va déployer un dispositif de « 5G privé » en Haute Maurienne. Cette solution innovante d’internet haut débit couvrira l’axe Val Cenis-Bramans – Bonneval-sur-Arc et doit ouvrir la voie à de nouveaux services en zone de montagne

Lors de la présentation le 27 novembre.

Financé à plus de 80 % par l’Union européenne, le projet « Smart Mountain 5G » sera déployé dans les prochaines semaines, avec l’ambition de tester les nouveaux services à partir de l’automne 2025. Numérisat, chef de file du projet, estimé à 2,1 millions d’euros, a présenté le 27 novembre un démonstrateur couvrant la zone d’activité Savoie Technolac. Ce test grandeur nature permettra de valider les choix techniques et technologiques à déployer en altitude et de poser les bases de nouveaux services utiles à la vie en montagne.

« La Haute Maurienne est une vallée complexe, ne pouvant pas être couverte à 100 % par les techniques actuelles, alors que les besoins sont nombreux. Nous allons déployer et associer trois technologies satellitaires distinctes pour couvrir 100 % des capteurs installés et créer un ensemble de bulles 5G interconnectées », explique Didier Flaender, co-fondateur de Numérisat, implantée à Savoie Technolac.

Cette couverture satellitaire d’une partie de la Haute Maurienne permettra d’installer des capteurs même dans des secteurs reculés, où la fibre n’arrivera jamais, pour effectuer des mesures et pour partager les informations en temps réel. « À ce jour, la zone est couverte par des satellites environ une fois par heure. Quand la constellation de microsatellites sera opérationnelle, les temps d’acquisition des données seront beaucoup plus courts et nous pourrons tester de nombreux cas d’usage », assure Didier Flaender.

L’Europe a fixé le délai de mise en œuvre et de tests à trois ans, avec un compte rendu intermédiaire après dix-huit mois. Selon les résultats, la solution savoyarde pourrait être dupliquée dans d’autres vallées européennes. En Haute Maurienne, cette première étape doit ouvrir la voie à l’implantation de nouveaux capteurs, pour de nouveaux services.

DE NOMBREUX SERVICES À VENIR
Le projet « Smart Mountain 5G » a deux ambitions : démontrer qu’une couverture satellitaire est possible à moindre coût et développer des services utiles à l’économie de la montagne. Hydrostadium, filiale d’EDF, et l’Université Savoie Mont Blanc sont associées à la démarche pour tester plusieurs cas d’usage. Pour EDF, il s’agit d’équiper ses barrages hydroélectriques et ses microcentrales afin de les piloter à distance. Les objectifs sont nombreux : éviter les interventions humaines en altitude quand les conditions ne sont pas bonnes, gagner en réactivité pour le pilotage de la production grâce au haut débit et au flux de données disponibles.

Les services spécifiques à l’agriculture de montagne sont imaginés, pour l’analyse de la ressource en eau, de la qualité des prairies, le pilotage à distance des machines de traite, voire le suivi des troupeaux dans le mauvais temps et la localisation des bêtes et des chiens de protection, notamment en période touristique, pour éviter les conflits d’usage.

Pour les stations touristiques, l’afflux de données en temps réels permet d’imaginer de nouveaux outils de suivi du manteau neigeux, des machines ou des équipes en interventions (damage, secours, déclenchements préventifs d’avalanches…). L’outil « 5G privé » offre la possibilité d’étendre la couverture vidéo à des zones jusque-là hors de portée, par exemple sur des sites avalancheux ou des espaces d’évolution sportive outdoor.

Parallèlement au déploiement des capteurs, sur des infrastructures existantes (mats, pylônes, bâtiments…), les potentiels cas d’usage seront confrontés à la réalité. « Notre rôle est d’analyser la totalité des outils, au regard de la concurrence et des solutions alternatives, pour avoir une échelle des valeurs », explique Jean-Marc Scemama, fondateur de la société CleverValues. Des groupes de travail seront mis en place avec les acteurs locaux pour affiner leurs besoins et, aussi, pour connaître les tarifs acceptables pour avoir accès à ce réseau « 5G privé » et aux futurs services.

Les outils de Numérisat : numerisat.fr

L’appel à projets européen : europe-en-france.gouv.fr