Maire de Menthon-Saint-Bernard, Antoine de Menthon préside le Centre de Gestion de la fonction territoriale de Haute-Savoie. Pour Mairies des pays de Savoie, il commente l’actualité de l’organisme et, au‑delà, les défis que doivent relever les collectivités face, notamment aux difficultés de recrutement.
Quelles sont les problématiques liées à l’attractivité de la fonction publique territoriale ?
Il y a plusieurs paramètres. Tout d’abord la démographie qui n’est pas favorable, avec un nombre important de départs à la retraite et moins de jeunes qui entrent dans le marché du travail. Il y a aussi la méconnaissance de la richesse des métiers de la fonction publique territoriale (FPT), la représentation de la société sur la fonction publique en général, et sans doute des modes de recrutement qui ne sont plus adaptés. Enfin, la relation au travail change, évolue et la Covid-19 a sans doute eu un effet accélérateur de ce phénomène.
Quel est le rôle du Centre de gestion dans la valorisation de ces métiers ?
Les Centres de gestion (CDG) ont un rôle majeur dans la valorisation des métiers du fait de leurs missions : Organisateurs de concours, gestionnaires de carrières, aide au recruteur, etc., ils sont les premiers témoins des transformations. Ils se doivent d’alerter, de proposer des évolutions législatives mais aussi agir sur le terrain.
Quelles actions sont mises en place pour développer l’attractivité des métiers de la FPT ?
Au CDG74, avec le conseil d’administration nous avons choisi d’agir auprès des jeunes en participant à des salons d’étudiants, en intervenant dans les collèges et lycées, en agissant en partenariat avec l’Université Savoie Mont Blanc sur des filières destinées aux métiers de la FPT. Nous avons conçu un jeu en direction des jeunes, afin de leur faire découvrir de façon ludique une quinzaine de métiers très différents et balayant ainsi toutes les filières.
Nous sommes aussi en lien avec Pôle emploi et des organismes de formation pour proposer une formation destinée aux futur(e) s secrétaires de mairie et valoriser ce métier si méconnu nécessitant polyvalence et engagement.
Ayant pour vocation première d’accompagner les collectivités et d’apporter une expertise, le CDG74 propose plusieurs missions d’accompagnement. Lesquelles ?
Le CDG74, depuis quelques années, s’est fortement engagé dans l’accompagnement des collectivités de façon plus intégrative. Il s’agit de bien appréhender les situations et d’apporter une réponse non pas segmentée mais bien complète et pluridisciplinaire. Pour ce faire, le service de conseil en organisation, qui pose souvent le diagnostic, élabore des préconisations qui mobilisent plusieurs compétences. Ces réponses à 360° sont très appréciées des collectivités qui sont souvent en perte de repères dans un contexte mouvant et incertain.
Quelles ont été les évolutions et quelles nouveautés sont prévues pour les missions d’accompagnement ?
Le CDG74, sans délaisser, sa mission de conseil vient aujourd’hui enrichir ses prestations d’accompagnements multidimensionnels, mêlant le juridique, le médical, la médiation, les missions temporaires, l’emploi… Il s’agit parfois de conforter un diagnostic et de mettre en œuvre les préconisations en intégrant une mission de managers de transition. Le CDG74 s’est aussi investi dans la sensibilisation des collectivités sur les enjeux de la donnée. Très présente dans le privé, la culture de la donnée n’a pas encore fait son entrée dans les collectivités. Véritable élément de stratégie, d’aide à la décision mais aussi de caractérisation de ce que les collectivités recueillent, détiennent et valorisent, la donnée reste méconnue dans le rôle qu’elle devait tenir. Autre sujet majeur, l’absentéisme et la prise en charge par les services RH. Le CDG74 réfléchit aux côtés des collectivités à proposer des accompagnements visant à mieux gérer l’absentéisme.
Quels sont les intérêts des missions d’accompagnement pour les collectivités ?
Les collectivités bénéficient d’un soutien d’experts mutualisé à l’échelle du département. Elles trouvent un centre ressources neutre, apportant des éléments objectivés sans parti pris laissant à la collectivité le choix d’appliquer la décision qu’elle souhaite mettre en œuvre, au nom du respect du principe de libre administration
Qu’est-ce que la culture de la donnée, quels sont ses bénéfices et ses limites ?
La donnée est importante à double titre. Tout d’abord dans les obligations que les collectivités ont de la recueillir et de la détenir en toute sécurité. Les collectivités ont beaucoup de données concernant leurs administrés qu’elles doivent protéger. Ensuite, pour asseoir leur décision dans un avenir à court, moyen ou long terme, la donnée est éclairante dès lors que l’on sait la valoriser, l’exploiter et la rendre intelligible. Dans un monde en transformation, comment ne pas s’interroger sur les évolutions, comment ne pas observer de la donnée et tenter de se projeter ?
Quels moyens sont utilisés pour récolter et faire parler les données ?
Plusieurs solutions sont possibles. Le CDG74 a investi dans un outil d’open data qui permet de centraliser les données de politiques publiques avec un historique et des actualisations récentes dans douze domaines différents, allant de la démographie, en passant par la sécurité, la fiscalité, l’emploi… Ces statistiques sont ensuite extraites et mises en lien avec celles du rapport social unique permettant ainsi de dresser une photographie actuelle de la collectivité mais aussi d’en projeter un futur en fonction des scenarii choisis.
Quelles solutions apporte la culture de la donnée face aux problématiques du territoire ?
La donnée permet d’orienter les choix en fonction des évolutions observées et projetées. C’est un outil d’anticipation, de prévision et donc de gestion. C’est à la fois un apport technique et aussi un moyen pour décider sur le champ politique.
Vous avez annoncé le déménagement du CDG74, à l’horizon 2025 dans l’éco-quartier du Pré Billy, à Pringy. Quelles sont les raisons de ce déménagement ?
Plusieurs raisons ont présidé à cette décision. D’abord le manque de place du fait de l’évolution du CDG74 aujourd’hui réparti sur deux bâtiments. Des aménagements qui ne sont plus en cohérence avec les attentes et qui nécessitaient sur le bâti actuel un investissement trop lourd sans réel gain d’espace. Enfin une volonté de travailler plus en synergie entre services pour répondre à ces accompagnements plus intégrés qui induisent du travail collaboratif renforcé.
Comment se déroule le projet d’aménagement des futurs locaux ?
Nous avons acquis un bâtiment en VEFA dont il nous incombe de prévoir les aménagements intérieurs. Nous avons donc missionné un cabinet d’assistance qui a d’abord pris soin d’observer chacun sur son poste et de comprendre les contraintes de chaque métier. Des ateliers ont réuni les agents avec la nomination d’ambassadeurs afin de prendre en compte la parole de chacun. Tout ne pourra pas être intégré du fait de la morphologie des locaux, des contraintes techniques mais chaque retour a été analysé et réfléchi avec le cabinet que je remercie pour leur écoute. L’idée est de mettre en cohérence l’organisation spatiale avec des méthodes de travail plus collaboratives.
Quels sont les enjeux de ce déménagement et quels seront les impacts sur les collectivités ?
Le déménagement se fera début 2025 car il reste beaucoup de travail. L’impact pour les collectivités sera, j’espère, positif avec des locaux plus adaptés, favorisant des réponses plus holistiques. Les salles de réunion seront plus nombreuses, le stationnement sera facilité. Et dans un souci de plus grande proximité l’outil de gestion de la relation aux collectivités (GRC), mis en place cette année, sera renforcé.
Quels sont les projets et les objectifs des prochaines années ?
Réussir à créer un nouvel univers de travail qualitatif et en cohérence avec notre champ d’action et être toujours à l’écoute des collectivités et de travailler une démarche qualité !