Emmanuelle Dubée, préfète de Haute-Savoie, affirme ses priorités

Nommée en Conseil des ministres le 19 mars, Emmanuelle Dubée a officiellement été installée au poste de préfète de la Haute-Savoie lundi 7 avril. Après deux cérémonies officielles, au monument aux morts d’Annecy et à la Nécropole nationale des Glières, la première préfète de l’histoire de la Haute-Savoie s’est prêtée au jeu de l’entretien face à la presse locale.

Formée à l’École nationale d’administration (2002-2004), Emmanuelle Dubée choisit de mettre en lumière quelques étapes de son parcours au service de l’État.

De ses premiers postes au ministère de l’Intérieur, sur des dossiers en lien avec les finances locales (2004-2009), elle assure avoir gardé le goût des sujets liés aux collectivités et des relations avec les élus. Elle cite aussi son passage au sein du cabinet du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, comme directrice adjointe (2020-2022) et son « pas de côté », au poste de directrice adjointe de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (2012-2015).

Née en Allemagne en 1974, la nouvelle préfète précise ce que ne dit pas son CV : « Je suis Alsacienne d’origine, même si j’ai beaucoup déménagé. Je reviens avec plaisir dans la partie Est de la France. À titre personnel, je connais les particularités des départements frontaliers ».

Si elle accepte de dire quelques mots sur le plus célèbre élève de sa promotion à l’ENA, Emmanuel Macron, président de la République, elle relativise : « Je n’ai aucun mérite, c’est le hasard du concours d’admission. […] Nous étions une promotion assez soudée, assez heureuse. Les relations étaient simples, étaient fluides ».

Arrivée à Annecy dimanche 6 avril, Emmanuelle Dubée assume sa méconnaissance du département : « Les montagnes, c’est nouveau », dit-elle en citant les… 272 mètres d’altitude du point culminant des Deux-Sèvres dont elle était préfète depuis mars 2022. Si elle constate avoir encore « beaucoup à apprendre » des spécificités départementales, la nouvelle préfète identifie déjà les enjeux liés à la sécurité, au dynamisme économique et à l’accueil de grands événements culturels et sportifs. 

La sécurité du quotidien comme priorité

La sécurité et la lutte contre l’immigration clandestine sont les priorités d’Emmanuelle Dubée. Sur ces sujets, elle inscrit ses pas dans ceux d’Yves Le Breton. Son prédécesseur a présenté, le 21 février, le Plan d’action départemental de restauration de la sécurité du quotidien (Le Padrsq de Haute-Savoie). Sa mise en œuvre reste d’actualité.

Soulignant le dynamisme économique de la Haute-Savoie, la nouvelle préfète assure l’ensemble des acteurs, dont les agriculteurs, de son écoute. Le niveau d’attention aux élus locaux, dont les projets ont besoin des services de l’État, s’inscrit dans la même ambition d’ouverture.

Concernant la préparation des élections municipales de mars 2026, Emmanuelle Dubée vise « une bonne organisation matérielle, en appui aux mairies, pour que chaque citoyen puisse exprimer son vote. Les équipe de la préfecture savent faire. » Un travail sera mené, avec l’Association des maires de Haute-Savoie, pour connaître les éventuels « freins à cette vocation d’élu local, dont elle souhaite, qu’elle soit grande pour que les citoyens aient le choix ».

Déjà tournée vers les JO 2030

Interrogée sur l’accueil d’épreuves olympiques dans le département en 2030, la préfète de Haute-Savoie n’hésite pas un instant : « Accueillir les Jeux olympiques est une chance pour un territoire. 2030, c’est presque demain. Il nous faut être prêts. Les services de la préfecture, et ils ne sont pas les seuls, travaillent déjà sur ce dossier majeur. »

Dans les Deux-Sèvres, Emmanuelle Dubée a eu à gérer, en mars 2023, les manifestations d’opposition au projet de méga-bassine agricole de Sainte-Soline, qu’elle définit elle-même « d’une grande ampleur, d’une violence inouïe ». Si elle accepte d’évoquer le sujet, car « il n’y a pas question tabou », en Haute-Savoie, face à d’éventuelles oppositions à des projets (NDLR : Autoroute du Chablais, JO 2030, aménagements en station…) elle espère « trouver le moyen de discuter […] j’ai toujours l’espoir que le dialogue permette d’éviter ce genre d’opposition. Ma porte est toujours ouverte s’il y a du respect et du dialogue. Parce que nous sommes dans une démocratie, l’État doit garantir cette expression. Mais cela doit toujours se faire dans le respect des forces de l’ordre, des biens et des personnes ; ce qui ne s’est pas fait à Sainte-Soline ».