Les communautés d’agglomération de Grand Annecy, Grand Chambéry et Grand Lac accompagnent l’expérimentation de contenants ré-employables dans la restauration à emporter. Baptisée Hopla !, l’initiative a pour objectif la baisse des contenants à usage unique, donc des déchets à traiter par les collectivités. Grand Lac est la première des trois collectivités à dévoiler son dispositif.

Les élus de Grand Lac ont choisi la fin de l’été pour initier l’expérimentation dans six établissements volontaires : restaurants, pizzerias, boulangeries et traiteurs. Il semblait plus judicieux de ne pas imposer ces tests aux commerçants alors que les touristes de passage n’auraient pas forcément adhéré à l’idée de revenir déposer leurs boites vides après usage.
Le dispositif Hopla ! fait le pari d’une large gamme de contenants pouvant répondre aux différentes utilisations : gobelets, bols, emballages à pizzas, à sushis, à burgers… Les premiers contenants sont financés par Grand Lac ainsi que l’abonnement à l’application numérique Vytal qui lie l’établissement à son client pour la gestion des emballages qu’il s’agit de ramener sous quatorze jours au risque de devoir payer une caution.
« Six établissements en test, ça peut sembler peu, mais c’est un premier pas pour initier un changement de comportement durable tant pour les restaurateurs que pour les consommateurs. Cette expérimentation nous permet de tester une solution concrète de réemploi, au plus proche des besoins des professionnels et des habitants. C’est aussi une façon de travailler main dans la main avec les autres territoires voisins, dans une logique de cohérence régionale », explique Jean-Marc Drivet, vice-président de Grand Lac en charge de la valorisation des déchets et de l’économie circulaire.
LE BILAN DE L’EXPÉRIMENTATION ATTENDU EN JUIN 2026
« La gestion des déchets alimentaires est un enjeu important pour les services propreté des communes touristiques. Il suffit de deux cartons à pizza pour bloquer une poubelle », affirme Nicolas Mercat, le maire du Bourget-du-Lac, qui détaille la réaction en chaine : les déchets suivants déposés autour de la poubelle, que les animaux ou le vent les dispersent avant la collecte suivante.
Les établissements volontaires vont tester la réaction de leurs clients et la faisabilité de la gestion des stocks pendant un temps relativement long. « En juin 2026, nous ferons le bilan, pour voir ce qui fonctionne ou pas », assure Jean-Marc Drivet.
Les agglomérations de Grand Lac, Grand Annecy et Grand Chambéry ont été sélectionnées dans le cadre d’un appel à manifestation d’intérêt lancé par l’éco-organisme Citéo afin de développer des solutions concrètes de collecte et de réemploi dans la restauration. « Le réemploi doit permettre de réduire au maximum le recours aux emballages plastique à usage unique. C’est une nouvelle façon de consommer pour réduire notre impact sur l’environnement. La clé du succès, c’est la collaboration des territoires. C’est aussi ce qui nous a plu dans ce projet », souligne Thomas Flusin, directeur régional de Citéo.
L’ÉPINEUX SUJET DU RETOUR ET DU PRIX DE LA CONSIGNE
Magali Perret et Charles Garnier, propriétaires de La Casa, pizzeria située au centre du Bourget-du-Lac, ont choisi de participer à l’expérimentation. En saison estivale, ils vendent jusqu’à 600 pizzas à emporter par semaine. « Des clients sensibilisés aux sujets environnementaux reviennent parfois avec les cartons vides en demandant une nouvelle pizza. Mais la législation ne nous permet pas d’accepter l’ancien emballage, pour des raisons d’hygiène », explique Charles Garnier.
Le nettoyage n’est pas un sujet pour les professionnels. En revanche le retour des consignes semble plus problématique. « Nous avons testé un système de consigne à 5 euros pendant la crise de la Covid-19, mais ça n’a pas fonctionné. L’appli digitale prévoit 10 euros de consigne pour s’assurer d’un retour. Pour nous, c’est intéressant car nous n’avons par de démarche à faire auprès de nos clients », constate Magali Perret.
L’établissement disposera de 100 contenants à pizzas, dont la rotation sera la clé de la réussite. Pour les plus anciens, qui ont connu la consigne des bouteilles en verre, les habitudes pourraient revenir vite. Pour les nouvelles générations, déjà sensibilisées à de nombreux éco-gestes, le défi semble à leur portée. La question gênante est celles du coût de ce nouveau service. Une fois l’expérimentation terminée, les professionnels et leurs clients auront à supporter le prix d’achat des contenants et l’abonnement à l’application digitale