La qualité de l’air intérieur est un enjeu de santé publique

Depuis son instauration en 2018, l’obligation de surveillance de la qualité de l’air intérieur dans les établissements accueillant les enfants a beaucoup évolué. Pour aider les collectivités locales à s’approprier le sujet et à mieux aborder les prochaines échéances, un séminaire de travail était organisé à Aix-les-Bains le 3 décembre.

Cyril Pouvesle, chargé de mission à la Direction régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement (Dreal).

Depuis 2018, l’obligation de surveillance de la qualité de l’air intérieur concerne les crèches, les écoles maternelles et élémentaires. En 2020, la liste a été élargie aux établissements secondaires et aux accueils de loisirs. Elle le sera de nouveau en 2025, vraisemblablement à l’ensemble des bâtiments publics recevant des mineurs (les décrets d’application ne sont pas encore parus). La surveillance de ces sites est strictement encadrée et, là encore, les règles ont évolué. La journée de travail a été suivie par un public important, venant de Savoie, de Haute-Savoie, du Rhône et de l’Isère.

« Ce sujet intéresse tout le monde. Nous passons 80 % de notre temps à l’intérieur », souligne Marie-Pierre Montoro-Sadoux, première adjointe au maire d’Aix-les-Bains. « Il s’agit d’une question de santé publique. La qualité de l’air dégradée a des conséquences sur la santé, sur le bien-être », précise Laurence Tur, secrétaire générale de la préfecture de la Savoie.

Si les collectivités locales ont plutôt bien intégré les outils et les notions de base, dont l’installation de capteurs de CO2, la généralisation de l’aération des salles de classe et le choix des matériaux, l’évolution constante de la réglementation a de quoi décourager. « Les obligations sont mal connues. Il y a un besoin d’information sur le sujet, ainsi que sur le radon. À la fin de cette journée, vous serez mieux armés, avec des outils et des informations », assurait Laurence Tur en accueillant les participants. Les retours d’expérience et les ateliers pratiques ont accéléré la prise de conscience, et ont permis de mesurer le travail à mener, en évitant les très nombreux pièges. Par exemple, un chantier de rénovation énergétique d’un bâtiment public peut être contre-productif pour la qualité de l’air. À trop vouloir maintenir la chaleur à l’intérieur, on piège les polluants dans les bâtiments…

5 À 8 FOIS PLUS DE POLLUTION À L’INTÉRIEUR

Les enfants, dont le système immunitaire n’est pas encore mature, sont très sensibles aux polluants transportés par l’air et aux pollutions environnementales en général. « L’air intérieur est 5 à 8 fois plus pollué que l’air extérieur. L’école est le premier lieu fréquenté après le logement familial », constate Ysaline Cuzin, pilote régionale de la question des environnements intérieurs à l’Agence régionale de Santé (Ars). « Une grande partie des pathologies infantiles est connue pour être au moins en partie liée à l’environnement », estime l’Ars. La liste à la Prévert a de quoi inquiéter : allergies, asthme, troubles de l’apprentissage et neurocomportementaux, perturbation endocrinienne, troubles de la croissance, cancers, etc. Une étude menée entre 2013 et 2017 dans 301 écoles et 600 classes de France a démontré la présence de particules fines, de dioxyde d’azote, de composés organiques volatils, de plomb dans les poussières et dans les peintures, de traces de moisissure, etc. dans l’environnement intérieur des écoliers.

Si les enfants sont en première ligne, la mauvaise qualité de l’air peut avoir des conséquences sur la santé de nombreuses autres populations vulnérables (personnes âgées, femmes enceintes, adultes souffrant de maladie chronique, fumeurs…). Chaque année, 20 000 décès sont liés à la qualité de l’air intérieure, soit 55 par jour, et 28 000 nouveaux cas de pathologies apparaissent, dont des cancers. La pollution de l’air est la 2e deuxième cause de cancer du poumon après le tabagisme (dont 2 000 cas liés à la présence de radon). Le coût total des différentes prises en charge est estimé à 19 milliards d’euros par an.

Les partenaires du séminaire : Direction régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement (Dreal), Agence régionale de Santé (Ars), les directions départementales des Territoires de la Savoie et de la Haute-Savoie, Ville et Aménagement Durable.